New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
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18 December 2020 - 17h00 • 18427 vues

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Dans des schémas qui provoquent naturellement un resserrement de la flotte, Thomas Ruyant a joué un coup, qui aurait pu être gagnant hier soir, mais la porte s’est refermée. Le skipper de LinkedOut a cédé la 2e place à Charlie Dalin, à 100 milles de Yannick Bestaven, le leader. Le groupe ‘Jean Le Cam’ a repris quasiment 100 milles en 24 heures !

Après des journées tourmentées, des mers croisées et des coups de vent, après des heures d’heurts et d’entrechocs éprouvants dans l’Indien, les skippers en tête de flotte doivent enfin sentir les prémices de l’apaisement leur gagner le corps et l’esprit. Les solitaires n’en sont pas à s’assoupir dans les langueurs du Pacifique, mais ils vont au moins chercher à faire tomber les épaules, à déverrouiller les cervicales et desserrer enfin ces mâchoires tétanisées par l’attente de l’impact d’après.

Il faudra, au cours des vacations vidéo des deux ou trois prochains jours, garder un instant pour plonger nos yeux dans leurs yeux et tenter d’y lire les reflets de leur âme. Puisque de retour du front, leurs esprits auront-ils perdu de leur extrême dureté ? Les cerveaux seront-ils tendus vers demain plus que figés par l’instant ? La crainte se sera-t-elle amenuisée ?

© Pierre Bouras - TR Racing Ce qui est sûr, c’est que Yannick Bestaven (Maître CoQ IV), Charlie Dalin (Apivia) et Thomas Ruyant (LinkedOut) tournent l'une après l’autre les pages de la partition du trio en Sud majeur posé sur leur pupitre. Parfois ensemble, parfois tout en dissonances, les trois compères récitent une pièce écrite pour tenir l’auditoire en suspens. Hier, par exemple, Thomas Ruyant est monté dans les aigus pour aller jouer sa cadence plus au Nord. Sur l’octave d’au-dessus se présentait une option qui, si elle avait fonctionné, aurait fait signer un joli coup au skipper nordiste. Le jeu était d’embarquer à l’arrière d’une dépression pour ensuite exploiter des vents forts de Nord-Ouest… qui se sont effondrés. L’effronté n’a pas insisté et il redescend depuis, progressivement, vers le schéma qui pousse actuellement Yannick Bestaven et Charlie Dalin le long de la Zone d’Exclusion Antarctique. Pour jouer son coup tactique, le Nordiste devait avoir la conviction que, même s’il devait rebrousser chemin, il ne perdrait pas trop.

Il a perdu, certes, mais pas tant que ça. Le voici 3e, à 139,8 milles du leader, soit 39 milles de retard de plus sur Yannick Bestaven qu’hier à la même heure, et à 92 milles de Charlie Dalin, qui revient comme une balle sur le leader. Poussés par un vent d’une douzaine de nœuds d’Ouest vers la molle qui stagne dans leur Est, les trois compères sont condamnés à voir leurs vitesses baisser radicalement dans les heures à venir, et à ne jouer le deuxième mouvement de cette séquence que sur un tempo mezzo piano. Une pétole à l’Est, un vent qui vient de l’Ouest, voici pourquoi Thomas Ruyant pouvait, l’esprit relativement serein, s’aventurer à tenter un coup. Le troisième mouvement sera plus staccato dès mardi soir lorsqu’une dépression viendra flirter avec leur route. D’ici là, la tête de la course aura eu le temps de jouer mille recalages entre les hautes pressions et la zone d’exclusion antarctique.


Et, pendant ce temps-là…
… Les chasseurs remontent la piste, non plus de l’Indien, mais du Pacifique. Tandis qu’une dépression de Nord-Ouest leur botte le train, Jean Le Cam (4e) et ses compagnons de route n’ont gagné rien de moins que 110 milles en 24 heures, et cette séquence ne devrait se terminer que lorsque Jean Le Cam, Boris Herrmann, Damien Seguin, Benjamin Dutreux et, dans une moindre mesure Louis Burton auront atteint les contreforts de l’anticyclone sous la Nouvelle-Zélande. Le skipper de Bureau Vallée 2 a en effet prévu d’aller s’abriter dans le dévent de l’île de Macquarie pour réparer son gréement afin de récupérer la totalité de ses capacités véliques. Samedi soir, sans doute, il bricolera au calme d’une zone protégée du territoire australien, où l’on ne rigole pas avec les recommandations environnementales – et tant mieux.

Remonter l'espace fait constater que la quasi-totalité de la flotte tire bénéfice du ralentissement du leader, dans des proportions diverses, selon les schémas météo qui règnent sur la zone de navigation de chacun. Pour schématiser, Isabelle Joschke (MACSF) a récupéré 80 milles, Maxime Sorel (V and B - Mayenne) et le groupe qui le suit environ 60 milles. Les performances d’Armel Tripon (- 80 milles), de Stéphane le Diraison (-100 milles environ) et de Jérémie Beyou (- 90 milles) apparaissent en excroissance. Il ferait presque bon être derrière, finalement…

La rédaction / FP