New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
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22 December 2020 - 08h30 • 24194 vues

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Contrainte de ralentir pour ne pas se faire piéger par une dépression, Clarisse Crémer (Banque Populaire X) a pris du temps pour elle et pour juguler le tourbillon de la course au large qui fait que le marin oublie rapidement de prendre soin de lui, trop préoccupé par le bateau et la météo.

" Là, c'est très agréable, ça s’est beaucoup calmé, il y a même un rayon de soleil, et pas beaucoup de mer ; le bateau file. En termes de stratégie, je n’ai pas beaucoup d’espoirs de passer devant la dépression, je n’ai pas besoin d’aller vite. Il n’y a pas eu beaucoup de mer ces derniers jours, j’ai fait le plein de sommeil, et j’ai beaucoup rêvé, c’était bien cool !

J’ai profité ce matin d’un superbe lever de soleil. Les conditions sont cool encore 24 heures, mais je me prends la tête avec la météo, qui n’est pas simple. S’il s’en sort bien, Maxime (Sorel) devrait réussir à passer ; Louis (Burton), je ne sais pas ce qu’il va jouer. Quant à moi, je dois chercher à savoir si j’attaque par derrière ou si j’attends de me faire bouffer par le vent d’après (la dépression). Je vais virer de bord dans la nuit, faire du Nord et, si je m’arrête, j’aurai alors les moyens d’attaquer. La dépression annonce 5 mètres de houle, ce n’est pas très engageant. Je suis prête à passer sous trois ris dans la grand-voile et petite voile d’avant. C’est désagréable d’avoir à s’arrêter alors qu’on a bien avancé, mais c’est encore plus désagréable d’abîmer le bateau.

C’est perturbant, ces fichiers qui sont bons à deux ou trois jours, et qui font « la foire » après. A chaque nouveau fichier météo, c’est roulement de tambour à bord, je télécharge tout dans la minute. C’est comme une série télé à laquelle tu es accro mais dont le scénario change tout le temps.

Je vais mieux qu’il y a deux jours. J’ai bien dormi et j’ai réalisé que je ne mangeais pas assez. Alors j’ai entamé un régime hyper calorique, je mange toute la journée – ça fait deux heures que je n’ai pas mangé, je vais m’y remettre ! Et… Je dois avouer que je ne m’étais pas changée depuis trois semaines. La dernière fois que je me suis vraiment lavée, c’était au Brésil, et ça ne me dérangeait pas plus que ça. Mais j’avais pourtant l’impression de faire les choses sérieusement, et de prendre soin de moi.

Au fil du temps, en mer, on finit par se contenter de peu. C’est la course au large qui veut ça : on est élevé dans l’idée que plus on se fait mal, plus on va vite. Alors on a l’habitude de faire un peu n’importe quoi avec notre sommeil, notre alimentation, notre hygiène… On s’oublie vite. Là, je me suis changée, lavée, je mange, je reprends les rênes de mon corps ".

 

Clarisse Crémer / Banque Populaire X