New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
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28 December 2020 - 19h49 • 17862 vues

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Elles étaient six au départ des Sables d’Olonne le 8 novembre dernier, elles sont encore six en mer réparties sur tout le plan d’eau, même si Sam Davies est désormais hors course. Aux avant-postes dans le groupe des chasseurs, Isabelle Joschke réalise un superbe parcours, tout comme Clarisse Crémer au milieu du Pacifique et Pip Hare sur un monocoque conçu il y a 23 ans, tandis que Miranda Merron et Alexia Barrier assurent pour boucler la boucle…

Samantha Davies (Initiatives Cœur) faisait sans conteste partie des favorites en Vendée sur l’ex Foncia 2, ex-Banque Populaire, ex-Maître CoQ, mais la percussion brutale d’un objet flottant non identifié au large du cap de Bonne-Espérance l’a obligée à abandonner à Cape Town… Portant haut les couleurs de Mécénat Chirurgie Cardiaque, la Britannique a tout fait avec son équipe pour reprendre la mer dix jours plus tard, 800 milles derrière le dernier. Hors course, elle réalise un superbe retour puisqu’elle est déjà dans le tableau arrière du Finlandais Ari Huusela (STARK) ! Et à ce rythme, Sam Davies devrait rattraper Miranda Merron, voire Manuel Cousin avant le cap Horn.

D’abord finir la course

Mais tout le monde ne vise pas le podium dans ce tour du monde en solitaire sans escale, d’aucuns cherchent avant tout à boucler la boucle, un périple de plus de 24 000 milles autour du monde par les trois caps : Bonne-Espérance, Leeuwin, Horn. C’est le cas pour Alexia Barrier (TSE-4myplanet) et Miranda Merron (Campagne de France) qui, sur de « vieux » monocoques IMOCA, n’avaient de toutes façons pas les moyens techniques et financiers de viser plus haut.

Construit en 1997 pour Catherine Chabaud, repris par l’Italien Simone Bianchetti pour l’édition suivante, mené par Marc Thiercelin puis par Tanguy de Lamotte, et enfin par Romain Attanasio en 2016, Le Pingouin est une légende qui en est à son septième tour du monde ! Et si Alexia Barrier doit bricoler à bord de TSE-4myplanet pour régler encore quelques soucis techniques, son bateau devrait tout de même en finir avec l’océan Indien en tout début d’année.

Quant à la Britannique, elle poursuit son chemin au travers des embûches pour devenir Pacifique avant même le réveillon du Nouvel An. À bord de l’ex-Temenos, ex-Great America, Miranda Merron a pris la mesure de ce plan de 2006 qui n’a connu aucun problème majeur depuis son départ des Sables d’Olonne. Progressivement, les vitesses de Campagne de France croissent et avec ce nouveau tempo, pas sûr que Manuel Cousin ne voit apparaître bientôt à l’horizon un fuselage vert !

Révélations du Vendée Globe

Et c’est la troisième Anglaise qui fait rage : à l’entrée du Pacifique, Pip Hare (Medallia) tient tête à Arnaud Boissières avec des vitesses moyennes hallucinantes pour un monocoque imaginé en 1997 et construit dans un hangar à Lesconil pendant trois ans… Certes il connaît bien les mers du Sud pour avoir participé à cinq tours du monde en solitaire ! Mais tout de même : la Britannique arrive à en tirer la quintessence au point de talonner le précédent skipper de ce plan Pierre Rolland, le Suisse Alan Roura… Et elle est en passe de franchir l’antiméridien ce lundi soir !

Quant à Clarisse Crémer (Banque Populaire X), elle a plus que réussi son examen de passage : cette diplômée d’HEC qui découvrait le Mini-Transat en 2017 s’est vue offrir une place de choix en devenant skippeuse du monocoque vainqueur du Vendée Globe 2012, ex-Macif, ex-SMA. Et l’air de rien, elle mène sa barque avec talent puisque les conditions météorologiques à venir lui sont favorables pour aller titiller le groupe de tête avant même le cap Horn. Certes, elle aura du mal à contrer le retour du « scow » d’Armel Tripon, mais elle a déjà largué à plus de 200 milles Romain Attanasio…

Et dans le top 10, Isabelle Joschke (MACSF) fait carton plein à bord de l’ex-Safran boosté par une nouvelle paire de foils. Des appendices que la Franco-Allemande n’a pas encore réellement utilisés et qui pourraient changer la hiérarchie lors de la remontée de l’Atlantique… Mal partie lors de la première dépression au large de l’Espagne, Isabelle Joschke a refait son retard progressivement lors de la descente de l’Atlantique, puis a superbement géré l’océan Indien pour finalement recoller au groupe des chasseurs de Yannick Bestaven. À seulement 360 milles du leader et au contact de Damien Seguin, Jean Le Cam, Boris Herrmann, Maxime Sorel, Benjamin Dutreux et Giancarlo Pedote, Isabelle Joschke a encore bien des arguments à faire valoir avant même le passage du cap Horn !

En tout cas, si le nombre de femmes présentes lors de cette neuvième édition n’a jamais été aussi important, soulignons que leurs scores ont toujours été à la hauteur de leurs ambitions et de leurs moyens. Souvenons-nous qu’Ellen MacArthur finissait dans la roue du vainqueur Michel Desjoyeaux en 2000 ! Et que Samantha Davies concluait son tour du monde en solitaire sans escale en 2008 à la quatrième place. Il ne serait donc pas surprenant que deux femmes intègrent le top 10 à l’issue d’une remontée de l’Atlantique qui ouvre tous les champs du possible…  


La rédaction du Vendée Globe / DBo.