New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
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31 December 2020 - 15h04 • 12780 vues

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Romain Attanasio  (PURE - Best Western) était à la vacation de 9h30 ce matin. 

" J’avais deux ris dans la grand-voile ce matin et tout d’un coup elle est descendue donc je pense que quelque chose a cassé. Je n’arrive plus à hooker au ris 2 du coup je suis passé au ris 3. Ne prendre qu'un ris c’est peu dans ces conditions, mais le problème que qu’avec trois ris, ça fait une mini grand-voile. Quand je suis sous J2 c’est trop dans les grains donc je dois repasser sous J3 qui n’est pas assez dans des conditions plus normales. Donc je passe mon temps à changer. C’est un peu embêtant car je ne peux déjà plus hisser ma grand-voile en tête donc il ne me reste plus que deux options. 

Hier j’avais pris la décision de naviguer tranquillement jusqu’au Cap Horn par peur de faire des bêtises, mais comme le groupe de devant est coincé dans une bulle sans vent, je me dis que c’est aussi l’occasion de recoller. Pour eux, ce n’est pas le scénario idéal, mais pour nous c’est le moment de les retrouver au Cap Horn. Par contre, je vais y arriver dans 50 nœuds donc ça ne va pas être simple de gérer ces conditions velues. 

J’essaye de faire passer des messages plutôt positifs. Mais je le dis aussi quand quelque chose va moins bien. Quand on passait au cap des Aiguilles et qu’on avait peur de taper quelque chose, je racontais cette peur-là. J’essaye de retranscrire la réalité avec un brin d’humour, surtout dans les moments difficiles. Je préfère en rire qu’en pleurer. C’est un peu mon échappatoire quand c’est difficile. Loïck Peyron disait “J’ai le luxe de choisir mes souffrances, alors je ne peux pas me plaindre. “ Je pense souvent à ça en me disant que j’ai choisi d’être là. 

En mer, on peut aller où on veut, on est sur notre bateau sans contraintes, sans couvre-feu, sans masque, etc. On vit quand même dans 5m3, on ne peut pas descendre, on est privé de la vie normale, d’aller à la boulangerie, de manger un bon déjeuner, de voir ses amis. Par contre, cette privation de vie normale, on l’a choisie et on a d’autres avantages qui nous permettent de vivre quelque chose de très fort. Quand on me demande pourquoi je fais ça, je réponds toujours que c’est pour vivre ces moments hyper forts qu’on ne retrouve pas à terre et qu’on regrette quand ça s’arrête." 

Romain Attanasio / PURE - Best Western