New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
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01 January 2021 - 06h35 • 22879 vues

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Après une phase temporaire qui a freiné les chasseurs hier soir, le groupe de tête bénéficie en cette nouvelle année, de l’arrivée d’une dépression australe. Les deux premiers vont pouvoir l’aborder par sa face orientale, humide, très ventée mais pas trop froide, les autres dans un flux de Sud-Ouest frigorifique, instable mais plus modéré. La césure semble inexorable ! Le virage à gauche est un tournant du match…

Il y a des cocktails qui passent difficilement : trop glacé, trop poivré, trop fort, trop insipide, trop amer, trop quoi… Et c’est un peu ce que vivent les solitaires du Vendée Globe, surtout ceux en tête de flotte. Car si Yannick Bestaven (Maître CoQ IV) et Charlie Dalin (Apivia) sont arrivés à rester dans un flux puissant de Nord à Nord-Ouest, direction le cap Horn à la bordée, ce n’est pas le cas de leurs nombreux poursuivants ! Se faire scotcher au beau milieu du Pacifique dans une bulle sans vent, alors que celui-ci souffle violemment quelques centaines de milles plus au Nord, n’est pas ordinaire.

Et quand en sus, le vent bascule du Nord-Ouest au Sud à Sud-Ouest sur une houle générale de secteur Ouest, ça fait ballotter dans tous les sens ! Un vrai shaker qui, par cet air humide et froid venu de l’Antarctique, est franchement glacé… Or ce n’est véritablement que le peloton de tête qui subit ces frimas ‘estivaux’ puisque leurs poursuivants qui essaiment, du Pacifique à l’Indien (Alexia Barrier et Ari Huusela n’ont pas encore franchi la longitude su Sud de la Tasmanie), bénéficient enfin de conditions plus clémentes. Avec essentiellement du vent de secteur Nord-Ouest modéré (ce qui dans les mers du Sud signifie 25 à 35 nœuds) !

Un coup de barre… et ça repart !

Mais du côté de la Patagonie, ça s’agite pas mal avec la dépression australe qui s’approche des côtes chiliennes en se creusant avant de se fracasser sur les reliefs de la Terre de Feu. Or seuls Yannick Bestaven et Charlie Dalin devraient arriver à en profiter sur sa face orientale : théoriquement, ça va souffler fort, à plus de 40 nœuds mais essentiellement à 120° du vent, une allure particulièrement efficace pour les monocoques IMOCA à foils. Mais il faut s’attendre à ce que ces deux solitaires mettent le hola à ce ‘turbo’ lors des derniers milles les plus toniques pour que le bateau ne s’emporte pas sur cette mer cabossée et parfois vicieuse, avec quelques vagues pyramidales.

Logiquement aussi, le ‘dauphin’ va s’aligner dans le sillage du leader et samedi soir (heure française), il ne devrait y avoir que quelques dizaines de milles d’écart entre les deux premiers au cap Horn. Car Thomas Ruyant (LinkedOut) qui a tenté un passage par le Nord, va se voir couvert dans la journée par le centre dépressionnaire : il devra donc piquer vers le Sud-Est dans une brise mollissante qui va refuser provisoirement (passer au Nord-Est), avant de basculer au secteur Sud. Quand le skipper va sentir une vague de froid coloniser l’air pur du Pacifique, il va se douter de quelque chose !

Une bouffée d’air froid qui réveille au réveillon !

Ce grand coup de barre vers la ZEA devrait toutefois lui permette de pointer son étrave devant celle de Damien Seguin (Groupe APICIL) qui a fort bien négocié ce dernier tronçon : il possède près de cent milles de marge sur Boris Herrmann, Benjamin Dutreux, Jean Le Cam et Isabelle Joschke. Bonne pioche pour ces solitaires qui s’éloignent progressivement de la Zone d’Exclusion Antarctique afin de laisser passer cette perturbation avant d’accélérer sur sa face occidentale. Et la particularité de cette configuration, c’est que les skippers plus au Nord vont fort bien s’en sortir : Louis Burton (Bureau Vallée 2) et Giancarlo Pedote (Prysmian Group) déboulaient déjà ce premier vendredi de l’année 2021 dans le sillage de la dépression, et plus loin derrière, Clarisse Crémer, Armel Tripon et Romain Attanasio revenaient très fort dans cette brise de Sud-Ouest 25 à 35 nœuds qui devrait les porter jusqu’au cap Horn !

Quant au reste de la flotte qui s’égrène du milieu du Pacifique (Alan Roura) au cœur de l’Indien (Sébastien Destremau), tous bénéficient de conditions plutôt agréables (du moins pour ces deux océans) avec une brise modérée à forte de secteur Nord-Ouest, c’est-à-dire portante et encore tempérée. Les mers du Sud ont repris leurs marques en ce début d’année…

 

La rédaction du Vendée Globe / DBo.