New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne

03 Janvier 2021 - 20h21 • 19441 vues

Partager

Article

Alors que seuls deux solitaires ont débordé le cap Horn ce week-end, les chasseurs sont toujours groupés aux abords du détroit de Drake et leurs poursuivants subissent la poussée de grosses dépressions australes. Mais si une compression de la flotte est au programme, la suite est nettement moins claire lors de la remontée de l’Atlantique.

Il y a encore bien des incertitudes : d’abord sur l’état réel de merci, le monocoque de Sébastien Destremau qui tourne en rond au milieu de l’océan Indien dans l’attente d’une solution technique qui tarde à se révéler : pilote automatique et transmission de barre semblent fort mal en point. Mais aussi sur la capacité du benjamin helvète à terminer son tour du monde avec un système hydraulique de quille parti à vau-l’eau : Alan Roura (La Fabrique) tient encore le rythme entre la Britannique Pip Hare (Medallia) qui connaît aussi des soucis de données de vent depuis ce week-end, et Arnaud Boissières (La Mie Câline-Artisans Artipôle) empêtré dans un vent puissant mais très instable avec des grains, mais pour combien de temps ?

Il faudra zigzaguer entre les zones de calmes

Or certains ont coché une nouvelle case cette semaine tels le Finlandais Ari Huusela (STARK) qui est entré dans le Pacifique tout comme Alexia Barrier (TSE-4myplanet), ou Miranda Merron (Campagne de France) qui a passé l’antiméridien comme Clément Giraud (Compagnie du Lit-Jiliti) qui s’apprête à le faire. Quand d’autres se rapprochent inexorablement de leur chassé à l’image de Jérémie Beyou (Charal) qui rattrape un par un ses concurrents sur la route du Horn, ou Armel Tripon (L’Occitane en Provence) qui n’est plus qu’à 80 milles du tableau arrière de Clarisse Crémer (Banque Populaire X).

Mais les regards se tournent forcément vers la tête de course où sept solitaires voudraient accélérer le temps pour passer la Terre de Feu avant qu’une méchante dépression ne viennent les rattraper : ce sera malheureusement difficile car Giancarlo Pedote (Prysmian Group), Maxime Sorel (V and B-Mayenne), Isabelle Joschke (MACSF), Boris Herrmann (Seaexplorer-YC de Monaco), Louis Burton (Bureau Vallée 2), Jean Le Cam (Yes We Cam!) et même Benjamin Dutreux (OMIA-Water Family), auront bien du mal à éviter ce coup de vent venu de l’arrière…

Seuls Damien Seguin (Groupe APICIL) et Thomas Ruyant (LinkedOut) devraient avoir embouqué le détroit de Drake à temps lundi soir, en visant une route très méridionale pour éviter la remontée des fonds et bien se positionner pour la suite du programme. Car le problème va désormais se situer là : comment aborder cette longue remontée de l’Atlantique Sud quand les hautes pressions n’arrêtent pas de se déplacer de gauche à droite et inversement ? Des bulles sans vent, il y en aura déjà plein toute la semaine prochaine sur la route du Brésil…

Prendre de l’Est, pour assurer le dernier bord de près

D’ores et déjà, la stratégie du leader Yannick Bestaven (Maître CoQ IV) n’est pas du tout la même que celle de son ‘dauphin’, Charlie Dalin (Apivia). Le premier cherche à prendre le maximum d’Est pour longer la ZEA qui vise à éviter les glaces dérivantes au large de la Géorgie du Sud, alors que le second tente de déstabiliser son devancier en coupant par le détroit de Le Maire, laissant entendre que le courant de marée était favorable à son passage et que le skipper tente de laisser l’archipel des Falkland sur son tribord.

Dans ce cas, la stratégie des deux premiers laisserait beaucoup d’ouverture au classement, même s’il faut souligner que non seulement le leader avait 14h56’ d’avance au passage du cap Horn sur son poursuivant direct, mais qu’il bénéficie aussi d’une bonification de 10h15 pour sa participation au sauvetage de Kevin Escoffier… Charlie Dalin pense-t-il encore qu’un débordement par l’intérieur (le long des côtes argentines) est une solution ou anticipe-t-il sur les choix tactiques de ses poursuivants qui ne manqueront pas de chercher à le mettre en ballottage par leur dispersion sur le plan d’eau ?

Certes les solitaires vont un par un sortir de ce « tunnel » des mers du Sud, mais pour autant, le match n’a jamais été aussi ouvert depuis le premier Vendée Globe en 1989-1990 ! Les places sur le podium sont loin d’être acquises, surtout que certains bateaux sont bien ‘rincés’ et certains skippers bien ‘cramés’ : quel va être le délai de remise en marche à 100% ? Et quelles options vont être prises par les poursuivants ? Réponse partielle la semaine prochaine…

Passage du cap Horn (fin du Pacifique)
1989 : 76 jours (Titouan Lamazou-Écureuil d’Aquitaine II)
1992 : 75 jours (Alain Gautier-Bagages Superior)
1996 : 67 jours (Christophe Auguin-Géodis)
2000 : 62j 02h 49’ (Michel Desjoyeaux-PRB)
2004 : 56j 17h 13’ (Jean Le Cam-Bonduelle)
2008 : 56j 15h 08’ (Michel Desjoyeaux-Foncia)
2012 : 52j 06h 10’ (François Gabart-Macif)
2016 : 47j 00h 32’ (Armel Le Cléac’h-Banque Populaire VIII)
2020 (1er) : 55j 00h 22’ (Yannick Bestaven-Maître CoQ IV)
2020 (2ème) : 55j 15h 19’ (Charlie Dalin-Apivia) à 14h 56’ du leader

 

La rédaction du Vendée Globe / DBo.