New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
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04 January 2021 - 16h15 • 19826 vues

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Derrière les cinq premiers cap-horniers (Bestaven, Dalin, Ruyant, Seguin et Dutreux) de ce 9e Vendée Globe, 6 IMOCA groupés en 150 milles s’apprêtent à en finir avec les mers du Sud. A 15h52, Benjamin Dutreux a ouvert le bal des passages de la soirée et de la nuit devant le phare du bout du monde… dans des conditions rugueuses.

Le cap de la délivrance

Damien Seguin doublait tôt ce matin le Horn (à 3h40 heure française) deux heures après Thomas Ruyant et ne cachait pas son émotion dans une vidéo envoyée du bord : « Mon premier cap Horn, en quatrième position en plus, c’est un truc de fou, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. J’y suis arrivé ! » Le skipper de Groupe APICIL, ému et heureux, a donc enfin mis le clignotant à gauche après 56 jours et 13 h de course depuis le départ des Sables d’Olonne le 8 novembre dernier. 200 milles dans son tableau arrière, 7 skippers groupés (Dutreux, Burton, Le Cam, Herrmann, Sorel, Pedote et Joschke) vont eux-aussi entamer la remontée de l’Atlantique Sud non sans une certaine impatience : « J’ai hâte de passer le cap Horn, ce sera ma première fois. C’est une belle étape » confiait Benjamin Dutreux, 5e au Horn, qui n’en finit pas d’étonner par la maîtrise de son bateau à dérive de 2007. La soirée et la nuit promettent d’être agitée au large du caillou le plus austral de l’Amérique du Sud : un flux de nord-ouest puissant va se renforcer générant des rafales à plus de 40 nœuds et une grosse mer. De quoi marquer ce passage légendaire d’une pierre blanche pour les 4 bizuths du groupe (Dutreux, Sorel, Pedote, Joschke) et les 3 récidivistes (Burton, Le Cam, Herrmann) qui n’ont jamais doublé le rocher mythique avec si peu d’écart entre les concurrents. Le gardien de phare de l’île du Horn ne va pas s’ennuyer…

Une autre course pour Isabelle Joschke

Hier après-midi, alors qu’elle pointait en 5e position, la navigatrice franco-allemande déplorait la casse du vérin hydraulique de la quille de son IMOCA MASCF. Désormais privée de la possibilité de basculer l’appendice de son bateau pour gagner en performance, Isabelle est donc contrainte de faire une croix sur ses ambitions sportives : « Je bascule dans une autre dimension. Je suis dans la déception, j’ai besoin de faire le deuil de ma course » confiait-elle à son équipe technique. Depuis deux jours, les ennuis s’accumulaient (perte de l’aérien, gennaker déchiré) mais ne pénalisaient pas la belle avancée de MASCF aux avant-postes du groupe de « chasseurs ». Ce lundi, Isabelle Joschke change de braquet mais positive en pensant au cap Horn qu’elle doublera pour la première fois demain matin !

Attanasio, Tripon, Cremer secoués

« J’ai 45 nœuds, je suis sous grand-voile seule, j’ai roulé le J3, je n’arrive pas à trouver le bon compromis. Le bateau part à fond. La mer est galère, le pilote n’arrive pas à tenir le bateau. C’est ça qui me fait peur. » expliquait ce matin Romain Attanasio à la vacation de 5h. Adieu les zones de vents mous et erratiques, bonjour les vraies conditions du Pacifique Sud ! Encore une douzaine d’heures à tenir, les mains prêtes à choquer les écoutes, les yeux portés sur les répétiteurs de vent et de vitesse du bateau, les oreilles à l’écoute du moindre bruit suspect dans les accélérations, avant que les conditions s’améliorent. Sur PURE - Best Western, L’Occitane en Provence et Banque Populaire X, on serre les dents à 460 milles du cap Horn.

Barrage au nord des Falklands

Du tout… au rien ! En tête de flotte, les conditions météorologiques sont beaucoup plus calmes mais bien plus casse-têtes. Yannick Bestaven affiche toujours un petit matelas d’avance sur Charlie Dalin (195 milles) mais la suite s’annonce bien compliquée : tous deux font une route Est pour contourner un anticyclone dans le nord des îles Falklands qui a tendance à s’étaler… dans l’Est. L’idée pour les deux hommes de tête est de ne pas traîner dans les parages pour dépasser au plus vite cette zone de hautes pressions qui va complètement fermer la route à la fin de la semaine ! Thomas Ruyant, troisième, après s’être faufilé dans le détroit de Lemaire entre la Terre de Feu argentine et l’île des Etats choisit un chemin vers le nord. Nous y sommes : la remontée de l’Atlantique Sud n’est jamais un long fleuve tranquille. Mille choses peuvent encore se passer jusqu’à l’arrivée aux Sables d’Olonne… fin janvier ?

La rédaction du Vendée Globe / Olivia Maincent