New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
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06 January 2021 - 08h11 • 6995 vues

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Clément recontre des conditions propices pour avaler les milles dans le Pacifique Sud. Le skipper de Compagnie du Lit-Jiliti se sent désormais parfaitement en osmose avec son bateau et ne voit pas le temps passer !

« Ca déroule. Tout va super bien, je fais mon petit bonhomme de chemin. On passe de système en système depuis quelques jours. J’ai 20 nœuds de vent en ce moment, ça va tout seul. J’ai eu un lever de soleil magnifique ce matin. Ça a duré un quart d’heure, et juste après retour du gris et chape de plomb !

Je vais vers un peu de moins de vent car une petite dépression va arriver dans une journée et demi. Je me speed un peu pour avoir le bon angle derrière, je sais que Miranda (Merron) n’est pas loin, c’est sympa. Je suis moins sur la réserve désormais, le Pacifique est gentil avec moi, mais la mer n’est pas rangée. C’est incroyable d’ailleurs : la mer se lève en deux heures, c’est très franc, ça vient d’un coup, c’est très soudain. J’avais déjà ressenti cela lors de mes navigations dans le Pacifique au niveau des îles de la Société. Il ne faut pas croire, ce n’est pas forcément bonnard. Et puis, je pense que la zone des glaces fait une barrière, elle nous empêche d’évoluer plus amplement dans les systèmes.

Je n’ai pas la sensation de faire le tour du globe, j’espère qu’au Horn ça me fera quelque chose ! Je ne réalise pas du tout, c’est bizarre. Je prends les choses les unes après les autres. Les derniers bateaux que j’ai vus, à part les cargos, c’est Ari Huusela et Sébastien Destremau juste avant le Pot au Noir. Depuis, je n’ai vu ni terre ni bateau. Effectivement, en tournant le Horn, on revient d’une autre planète, mais je suis dans ma course, dans mon bateau, à écouter, à resserrer, desserrer, à faire gaffe… Du coup, les jours passent, les jours passent, les jours passent. 

Mes sens sont aiguisés. Par exemple, j’ai un placard sur un rail qui coulisse pour matosser. Et il y a deux jours, je le fais coulisser et là je sens une odeur de chaud qui vient de l’huile des roulements à billes. C’est un truc de dingue ! Je sens tout, mes sens sont développés. On est vraiment aux aguets. A chaque vague, les muscles se tendent. On ressent tout. On fait corps avec le bateau. Je commence à comprendre mon bateau. Je le sens, je lui parle. Je lui cause, je le tapouille, je le nettoie, je prends soin de lui, je lui gratte le dos."

Clément Giraud / Compagnie du Lit - Jiliti