New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
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07 January 2021 - 08h06 • 10625 vues

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Comme une machine ou un automate, Stéphane Le Diraison gère les conditions très rugueuses du Pacifique Sud. La mer est dure et une autre dépression pointe le bout de son nez annonçant 50 nœuds de vent réel. Stéphane plie mais ne rompt pas !

"Je suis impatient d’atteindre le cap Horn, pour sortir de ces conditions un peu difficiles. On a beaucoup de vent et une mer franchement très mauvaise. Ça va être comme ça jusqu’au Horn. Je m’attends demain à avoir encore du vent. Il commence à y avoir une petite fatigue du froid et des conditions exigeantes. Et puis, de voir les copains qui ont pris le virage à gauche, cela donne envie d’aller les rejoindre !"

Quatrième dépression

"Il y a trois jours, j’ai fait beaucoup de Nord, car je n’arrivais plus à empanner. Dans 24 heures, vu ma position, je serai obligé d’encaisser le vent fort. C’est du 40 nœuds fichiers, ça veut dire 50 en réalité. Ce sera ma quatrième dépression. C’est la mer, le plus impressionnant. Les vagues sont hautes et courtes et déferlent. Il faut avoir une certaine vitesse quand même mais pas trop ! J’ai eu une déferlante qui a cassée dans le cockpit. J’ai entendu un grondement comme au bord de la plage, c’était comme si j’étais allé me baigner. Les vagues sont cambrées, donc le bateau accélère très fort et c’est un coup à ce qu’il se casse en deux. Avec Alan (Roura), Cali (Arnaud Boissières), Jérémie (Beyou), on n’avance pas. C’est particulièrement flagrant pour Charal qui est un bateau rapide, mais qui ne peut pas aller vite."

Le Pacifique sur la pointe des pieds

"Je suis préoccupé par mon gréement qui est détendu. Je vais devoir monter au mât pour retendre les diagonaux en tête de mât, mais pas tout de suite. Mes systèmes de hook de fortune sont un enfer pour prendre un ris. Je gère tout ça avec beaucoup d’anticipation et de prudence. Cali et Alan m’ont envoyé un message la nuit dernière comme quoi ils avaient encaissé 60 nœuds. Ils ont affalé les grand-voiles et ont gardé un morceau de chiffon devant. On est quand même embêté avec la ZEA, même si elle est nécessaire, mais elle coupe le plan d’eau, on ne peut pas contourner les dépressions et glisser dessous. Bref, le Pacifique Sud, nous tolère tout juste, on y passe sur la pointe des pieds."

Le point Némo incite à la prudence

"Sur ce Vendée Globe, je suis dans l’émotion à tous points de vue. C’est une bonne chose car je vis les choses avec intensité. Ce point Némo m’a fait réaliser que j’étais très très loin de tout dans des conditions difficiles, sans possibilité de sauvetage. Ça incite à la prudence, j’ai levé le pied. C’est un moment où finalement il n’y pas grand-chose à gagner, il faut passe le cap Horn avec un bateau en entier pour disputer la dernière manche.

Mon duvet est trempé, tout est trempé dans le bateau. Je débranche mon cerveau. Je ne pose pas de question, surtout pas celle : « Pourquoi m’affliger un tel châtiment ! » J’occulte toute forme de pensée extérieure à la manœuvre, j’ai une mission, je ne pense pas, je n’ai plus faim, je gère les paramètres comme des informations."

Stéphane Le Diraison / Time for Oceans