New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
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09 January 2021 - 14h55 • 9602 vues

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Clément Giraud (Compagnie du Lit - Jiliti) était à la vacation de 10h ce matin. 

“ Je ne vais pas très vite, on s’est pris un beau coup de bambou hier soir avec Miranda (Merron), au près dans 40-45 nœuds, ce n’était pas très drôle pour le bateau. La mer était un chantier pour nous et aujourd’hui, c’était n’importe quoi, les surfs passaient de 12 à 25 nœuds. Ce n’était pas une super journée au niveau navigation surtout que les bateaux tapent beaucoup dans cette mer-là. J’attends que ça se calme un petit peu pour renvoyer de la toile : vers midi, ça devrait être mieux. Sinon tout va bien à bord, apparemment je n’ai rien cassé hier soir ce qui est déjà bien !

Je suis rentré en communication avec Miranda (Merron) alors qu’on ne se parlait pas du tout depuis le départ même si on navigue ensemble depuis un moment. On voulait rester très Nord, je voulais rester le plus lofer possible, pour que le plus gros reste devant et s’en aille vite. Il fallait donc faire du près et on oublie ce que c’est de faire du près en IMOCA quand ça fait quasiment un mois et demi qu’on fait du portant ou presque. J’étais donc trois ris et J3, et on a courbé l’échine. De toute manière, au bout d’un moment on ne peut rien faire de plus, on est fatigué donc il faut dormir et au petit matin, ça a un petit baissé : on a pu reprendre la route, abattre, remettre de la toile. Ça tapait vraiment violemment et c’était très très gité, mais ça l’a fait, mon fidèle destrier a tenu la cadence. Il se comporte super bien, c’est top de pouvoir avoir confiance en son bateau.

J’ai calé le bateau une première fois dans la première zone de vent, il y avait environ 35 nœuds, j’écoutais le bateau, je sentais que ça évoluait, j’attendais le plus fort et quand c’est monté, j’ai réglé à nouveau, la mer grossissait en même temps. Une fois arrivé dans le plus fort, je savais que je devais tenir sept heures comme ça. J’ai mis des bouchons dans les oreilles, de l’angle à la bannette, je suis resté au chaud, les bottes et le ciré dans le duvet. Je ne pensais pas dormir et Morphée m’a eu.

Je n’avais pas conscience de là où j’étais il y a encore peu de temps et là je me rends vraiment compte de la réalité des choses. On va avoir une semaine très compliquée avec des zones sans échappatoire météo, on va prendre beaucoup d’air, surtout le 14 janvier où on aura beaucoup de vent pendant 48 heures. Ça ne va pas être simple et ça va être comme ça jusqu’au Horn. Il y a 3 ou 4 bouts de dépressions qu’il va falloir gérer. Je suis très concentré et je prends conscience que je suis en train de faire quelque chose d’hors norme. Je me mets dans un certain mode psychologique jusqu’aux Malouines. Là je prends conscience que ce qui arrive est énorme, mais sinon je suis dans une routine du quotidien qui n’a pas bougé depuis le départ. C’est très important de garder ses habitudes et c’est ce qui fait qu’on ne devient pas (complètement) fou je pense. " 

Clément Giraud / Compagnie du Lit - Jiliti