New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
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11 January 2021 - 09h00 • 13032 vues

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Heureux d'être 5e du Vendée Globe actuellement, et content d'être heureux, Louis Burton (Bureau Vallée 2) s'est raconté ce matin, lors de la vacation, mêlant sa soif de compétition, le golfe du Morbihan... et l'intégrale de Brassens.

"Je suis en bonne forme : j’ai changé mon dessalinisateur. Le précédent me donnait une eau ‘dégueulasse’, et je commençais à ressentir des troubles physiques. Avec l'équipe, on a décidé de mettre en marche le dessalinisateur de 'spare', ça va désormais vraiment mieux.

Il y a plein de choix tactiques à opérer désormais. II y a quand même pas mal d’incertitudes sur ce que nous allons affronter demain soir, ce front froid permanent. Cela peut aussi bien se passer que mal se passer. A l’aller, en l’abordant par le Sud, je l’avais bien négocié. Mais le vent est en pagaille et, derrière, c’est du près jusqu’à ce que ça adonne. Mes foils sont en bon état, et j’ai l’ambition de continuer à remonter doucement et d’arriver à l’entrée du pot au noir en étant satisfait du travail fourni. 

Après les événements que tu t'es tapé dans les eaux de l’Antarctique, tu as l’impression de naviguer dans le golfe du Morbihan…  C'est hyper calme, la mer est plate... Ce qui est marrant, c'est que tu n'as pas du tout cette vision de l'Atlantique pendant la descente. Je suis en train de me remettre en mode régate à 100%. Cela fait 24 heures que j'avance pas mal au portant, j'ai trouvé de bonnes vitesses et c'est bien cool. 

Il va y avoir une transition dans du vent de face bientôt et il faudra une nouvelle fois se réadapter. Dans l'Atlantique, tu changes tout le temps d'ambiance. Ici, tout va plus vite que dans le Sud où tu as le temps d'anticiper, de prévoir. Là, chaque mille compte. Les conditions me permettent d'être à 100% du potentiel du bateau. Je suis au taquet, mais j'ai une réparation de fortune sur la grand-voile et une électronique qui est fragile et qui me fait une frayeur par jour. Je veux rester prudent : je n'ai pas que la régate à gérer, mais je pense que c'est pareil sur tous les bateaux. 

Ma trajectoire est difficile à croire. Quand je regarde ce que j'ai vécu depuis le redépart de l'île Macquarie, j'ai l'impression d'un truc "lunaire". Je n'envisageais pas revenir dans le groupe dans lequel je suis. C'est une joie énorme, un rêve éveillé.

Il n'y a plus grand-chose qui soit source de plaisir dans l'avitaillement, qui n'est plus qu'alimentaire. Je suis scotché aux classements, complètement accro même. J'attends le classement d'après comme un gosse attend le Père Noël. Je regarde les positions des autres, à chercher à savoir comment m'en rapprocher. Je n'ai jamais connu ce plaisir, surtout pas il y a quatre ans, peut-être un peu en début de course cette année. Je compte les milles qui me séparent de Thomas (Ruyant) et de Damien (Seguin), j'ausculte leur trajectoire... C'est exceptionnel. Pour le reste, j'écoute des podcasts, notamment 'Historiquement Vôtre', sur Europe 1, et j'ai fini presque toutes les 'Affaires Sensibles'. Ma playlist a sauté, il ne me reste plus que l'intégrale de Brassens... et tous les messages de la famille, des enfants, de Servane, des amis et ma revue de presse, qu'on me fait tous les jours. "

Louis Burton / Bureau Vallée 2