New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne

22 January 2021 - 17h12 • 26155 vues

Partager

Article

À cinq jours de l’arrivée, le scénario de la course est toujours aussi incertain. Pourtant, Charlie Dalin, Louis Burton et Boris Herrmann semblent avoir pris un léger avantage qui pourrait s’accroître dans le week-end. Derrière, Armel Tripon englobe les milles, Alan Roura a été obligé de plonger, Alexia Barrier et Ari Huusela s’apprêtent à vivre le chaos et Jean Le Cam s’épanche sur une arrivée qui s’annonce riche en émotion.

Dalin-Burton-Herrmann, un trio se détache…

Ils sont trois à appuyer sur l’accélérateur. Il n’y a pas que Louis Burton qui a réussi à prendre le fameux couloir de vent de Sud, alimenté par une dépression secondaire qui se creuse. Charlie Dalin, même s’il bénéficie de 4 à 5 nœuds de moins que son rival, et Boris Herrmann y sont parvenus aussi. Cette route leur permet de continuer leur progression avec un objectif : bénéficier dès samedi soir d’une nouvelle dépression qui génère des vents de Sud-Ouest.  « Entre les deux, il y a une zone de vent moins soutenu », décrypte Sébastien Josse, consultant météo du Vendée Globe. En somme, le suspense est toujours intense mais pour avoir une vue claire des forces en présence, il convient d’ajouter que :

  1. Dans la dernière ligne droite, selon le positionnement des empannages, il faudra compter sur la vitesse d’APIVIA en bâbord amure qui permet d’utiliser son foil opérationnel
  2. Boris Herrmann pourrait être avantagé à l’arrivée puisqu’il bénéficie d’une compensation de 6 heures après s’être dérouté pour le sauvetage de Kevin Escoffier

Pour les principaux concernés, l’heure est à la concentration maximale. « Les prochaines heures de course seront déterminantes pour conserver le bon rythme », confiait Boris Herrmann au Vendée live en anglais. Charlie Dalin, lui aussi, évoque « un finish serré » : « l’issue du match n’est pas claire encore mais je continue à naviguer du mieux possible ».

… Chez leurs poursuivants, sentiments mitigés

Derrière les trois leaders actuels, les poursuivants ne bénéficieront probablement pas de l’enchaînement des deux systèmes dépressionnaires.  « Ils vont continuer à faire du Nord, abonde Christian Dumard, le météorologue du Vendée Globe. S’ils n’arrivent pas prendre le premier système, ils devraient bénéficier du second système qui est beaucoup plus vaste ». Giancarlo Pedote (Prysmian Group), qui fait partie de ce groupe, ne dit pas autre chose : « on va continuer de faire route vers le Nord pour suivre la rotation du vent. Et dès qu’on sort de cette zone anticyclonique, on prendra les vents de la dépression pour faire du portant et du reaching jusqu’aux Sables d’Olonne ».

Pour l’Italien, rien n’est joué (« dans la voile, tout est possible »). Pourtant, certains sont plus mesurés, comme Jean Le Cam (Yes We Cam!) : « ça va être compliqué d’être dans le match jusqu’au bout, on a pris un paquet de retard ». Invité du Vendée Live, Benjamin Dutreux pense aussi que « ce sera très difficile. Il faut juste s’évertuer à aller à notre rythme et à naviguer ‘propre’ jusqu’au bout ».

Derrière, une remontée aux allures de chevauchées

Armel Tripon (11e) continue d’avaler les milles à vitesse grand V. L’Occitane en Provence, peu ralenti par le Pot au Noir, est le 2e de la flotte à avoir parcouru la plus longue distance en 24 heures (360 milles). Cela lui permet de réduire l’écart avec Maxime Sorel (10e, V and B - Mayenne) qui s’établit désormais à moins de 240 milles. Difficile d’imaginer qu’Armel Tripon ne parvienne pas à le dépasser… 

Roura, un plongeon et du vent !

Arnaud Boissières (La Mie Câline - Artisans Artipôle) et Alan Roura étaient englués, hier après-midi, dans un « mini » Pot au Noir. On a compté parfois moins de deux nœuds pour les deux hommes ! Le skipper de La Fabrique a profité de cette accalmie pour… plonger ! « Alan est allé sous la carène pour voir s’il n’y avait pas de délimage », confie Jacques Caraës, le Directeur de Course. Le Suisse a également tenté de monter au mât mais les conditions ne s’y prêtaient pas. Mais, fidèle à ses habitudes, il garde sa motivation intacte : « je suis remonté à bloc ! »

Alexia Barrier et Ari Huusela, seuls face au chaos

Ils pointent à près de 6 000 milles de la tête de course. Et pour Alexia Barrier (TSE – 4myplanet) et Ari Huusela (STARK), l’heure n’est pas vraiment à penser au retour aux Sables-d’Olonne. Les deux skippers affrontent en effet des conditions particulièrement musclées alors qu’ils s’approchent de la Terre de Feu. Depuis huit jours, ils bataillent dans le même système dépressionnaire qui leur a emmené son lot de grains, de pluie et même de grêle… Le vent devrait même forcir dans les prochaines heures : à l’approche du cap Horn, des rafales de 45 nœuds et des creux de 5,50 m sont à attendre. « Le cap Horn, ça se mérite », souligne Alexia Barrier à raison.

Déjà la tête à l’après

Difficile pour les rescapés du Vendée Globe de n’être focalisés que sur la course. Si Giancarlo Pedote a affirmé qu’il ne pensait qu’à ce rush final, ce n’est pas le cas des autres. Jean Le Cam s’est ainsi longuement épanché sur l’arrivée : « j’essaie de ne pas trop y penser parce qu’on a tous vécu des choses très fortes, très intense. À l’arrivée, ça va se libérer, ce sera une explosion d’émotions, c’est difficile de savoir comment on va réagir. » Romain Attanasio (Pure – Best Western Hotels&Resorts), lui, voit plus loin : « je suis passionné de voile alors forcément, on réfléchit avec mon équipe à la suite, à la façon d’améliorer le bateau, à savoir comment on poursuit le projet. C’est impossible de se dire qu’après une telle aventure tout s'arrête. Moi aussi j’ai envie de batailler avec mes camarades à bord d’un bateau qui vole ! » 

Par la rédac du Vendée Globe / Antoine Grenapin