New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
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28 Janvier 2021 - 03h07 • 19171 vues

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Deuxième à avoir franchi la ligne d'arrivée, à 23h45 TU, Louis Burton (Bureau Vallée 2) nous livre ces premiers mots en conférence de presse. 

" C’est un rêve "

Il y a une grande joie de retrouver mes proches et d’être en dehors de tout danger. Couper la ligne en 2ème position, c’est un truc de dingue, surtout avec la course que j’ai vécue. J’ai essayé de ne pas trop penser à l’arrivée pendant la course, c’est comme quand tu fais du vélo et que tu as une côte très raide à monter, si tu regardes tout en haut tu te décourages. C’est un rêve qui se réalise une deuxième fois pour moi et cette fois-ci aux avant-postes donc c’est le rêve.

Je n’ai rien dit ces derniers jours, ma stratégie depuis le pot-au-noir etait d’essayer d’arriver. J’ai eu un incendie à l’entrée du pot-au-noir donc un black-out général de tout le système électrique. Il n’y a quasiment plus d’électricité dans le bateau, seul le pilote fonctionne. Et le système de grand-voile que j’avais réparé à Macquarie pour faire tenir la grand-voile haute a tenu, mais la drisse a lâché à la sortie du pot au noir. J’ai perdu 7 heures à essayer de réparer avec la drisse de génois pour faire tenir la grand-voile au premier ris. L’idée était donc de faire les trajectoires les plus simples avec le moins de manœuvre possible.

" Il a été question d’abandon "

Au moment où j’allais abandonner, une chose m’a toujours raccroché, c’est de penser à mes enfants. Ils n’avaient absolument pas envie que j’abandonne parce qu’ils devaient avoir peur que ça soit la honte à l’école (rires) et donc je pense que c’est pour eux, c’est pour Servane, pour mon équipe, pour mon père, mais c’est pour les autres. C'est ça qui m’a donné tout cette énergie. Il a été question d’abandon au moins sérieusement trois fois.

Je crois qu’à un moment donné, tu fais du mieux que tu peux. C’est tellement énorme cette course que terminer est déjà super. Ça prend le pas sur le classement. C’est un contexte particulier, ces modifications sur le temps réel sont liées à la vie humaine, je n’ai rien à dire là-dessus. Il faut que les bonifications soient justes et même incitatives à aller chercher les personnes en détresse.

Un travail d'équipe

Je suis très fier d’avoir amené ce beau bateau jaune aux Sables d’Olonne pour la deuxième fois consécutive. C’est un super résultat. C’est la réalisation d’un rêve. On s’est préparé avec les moyens et l’expérience qui sont les nôtres et on ne s'était pas donné un objectif de podium au départ. C’est une bonne démonstration d’esprit d’équipe !

Le Vendée Globe, c’est un peu comme quand tu regardes un avion qui marche à 1000 km/h dans le ciel bleu sans nuages, tu ne te rends pas compte qu’il va vite. Quand tu fais le tour du monde à la voile sans voir la terre, tu ne t’en rends pas compte. Là, quand tu vois la terre, tu te rends compte que tu as fait le tour du monde !

" Le bateau est vraiment ruiné "

Le bateau est vraiment ruiné ! J’ai tiré dedans tout ce que j’ai pu… C’est souvent comme ça dans la voile, quand il y a un problème, ça entraîne des sur-problèmes, et ça a été le cas. Il y a eu un petit peu de bricolage sur la descente de l'Atlantique et puis ce pilote automatique qui ne veut plus marcher dans le Sud, beaucoup de voiles en l’air, on déboulait à 30 nœuds dans des énormes creux, des conditions dans lesquelles un bateau sans pilote devient un objet dangereux.

C’était un moment d'aventure de s’approcher de l’île Macquarie. Avec l’équipe, nous avons vécu autre chose grâce à cet arrêt. J’avais cette curiosité de voyageur, d’aller voir et toucher ce bout de caillou, je me disais que je ne réussirais pas à réparer. À ce moment-là, ce n’était plus la course, c’était l’aventure. Ça m'a motivé pour réparer. Quand je repars de ce bout du monde, je suis explosé de fatigue… Je loupe deux ou trois coups météo. C’est d’ailleurs à ce moment-là que je rentre dans la ZEA…

Est-ce que j’ai pris des risques ? Il y a eu une prise de conscience au moment où j’ai appris que Kevin avait ouvert son bateau en deux dans les mêmes conditions. Son bateau avait été dessiné par les mêmes architectes que le mien. Après, PRB est plus vieux, il n’a pas été conçu pour ses foils grands et puissants. Si mon bateau est encore là c’est que je n’ai pas pris tant de risques que ça...

La suite

J’espère pouvoir participer au Tour de l’Europe et à la Transat Jacques Vabre. On écrit notre histoire à notre rythme et je suis content d’avoir couper la ligne en deuxième. J’aimerais retourner sur le Vendée Globe pour viser la victoire. Il y a un peu de réflexion à avoir sur le choix du bateau. Des choses se sont votées à la classe IMOCA en termes techniques. Probablement que dans 4 ans, celui qui gagnera sera un bateau neuf… Avec toujours de belles choses à faire avec des bateaux d’ancienne génération modifiés.