New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
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28 Janvier 2021 - 13h56 • 38604 vues

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Quelques minutes après le passage de la ligne d'arrivée, Boris Herrmann (Seaexplorer - Yacht Club de Monaco) s'est confié pour la première fois. 

"J'essayais de faire une petite sieste, mais je n'y arrive pas, je suis trop excité. Cette arrivée était vraiment sympa. Au début, je ne reconnaissais pas les gens à cause des masques, mais j'ai ensuite pu voir tous leurs yeux souriants ! 

Je suis heureux du résultat, surtout au vu des derniers événements. Je suis absolument heureux de ma course et de mon résultat. C'était un travail d'équipe et j'ai hâte de célébrer ça avec eux. La préparation du bateau, tout autour de la course, la mission avec la science et l'éducation. C'est bien d'avoir tous ces gens ici maintenant réunis. C'est le meilleur moment de la course.

Le Vendée Globe m'a changé 

Le pire moment, c'est la collison avec le chalutier avant l'arrivée. J'étais debout à l'arrière du bateau et je voyais des éléments de mon bateau coincés puis se casser. Au final, nous avons pu finir et bien. Les dégâts sur le bateau ne sont pas trop graves, ils ne sont pas structurels. 

Le Vendée Globe m'a changé, je ne sais pas encore de quelle manière, mais il m'a beaucoup appris sur la patience et la confiance - la confiance dans les gens, la confiance dans le bateau. Il m'a appris que les bonnes choses viennent avec le temps. Qu'il faut attendre 80 jours pour l'arrivée et pour toutes ces belles émotions et que ce n'est pas un voyage de plaisir. C'est un étrange rapport entre le temps et la récompense. 

 

Je ne pense pas avoir manqué d'ambition sur cette course

L’objectif fixé depuis 4 ans est de finir ce tour du monde. Je devais finir en tant que premier Allemand à boucler cette course, mais aussi en tant que première équipe monégasque. C’était vraiment cher pour nous et j’étais sans cesse tiraillé entre la pression de finir, et celle de vouloir pousser le bateau un maximum. Je ne voulais pas avoir la pression d’être le favori de cette course.

 

Engagé pour la science

J’aime bien parler de l’engagement de mon équipe pour la science, notamment à propos de la lutte contre le réchauffement climatique. A bord, j’avais installé un laboratoire automatique. La machine a fonctionné comme sur un bateau de recherche de l'Ifremer. On obtient avec ce dispositif des données précises. Et tout a tenu sur cette course de dingue, avec les changements de températures et l’humidité. Je suis très heureux d’avoir pu le faire  et c’était aussi une assurance mentale pour moi. Un matin, avant le départ, j’avais  bu un café avec Sam Davies à Lorient, et on se demandait ce qu’on ferait si on était forcé d’abandonner. Et la réponse fut qu’on continuerait hors course car on est motivé par les couleurs des causes qu’on porte. Elle finit pour les enfants, j’aurais fini pour la science. Je suis très heureux de voir que ça a fonctionné comme on l’avait imaginé. 


Je ne suis pas un solitaire

J’ai beaucoup échangé avec les concurrents autour de moi, on s’envoyait des messages de soutien. Le plateau est constitué de femmes et d’hommes extraordinaires, et c’est un privilège pour moi de vivre cette aventure à leur côté. En mer, on vit tous les mêmes problèmes et des choses fortes donc c’est génial de pouvoir partager ça. La Classe IMOCA est unique, il y a plus de 30 projets investis. C’est pour moi la plus belle classe de course au large. 

J’adore voir du monde, je parle sans cesse à mes proches sur whatsapp, mais ce n’est pas pareil. C’est la solitude qui était les plus dur pour moi. J'adore le projet d’intégrer les IMOCA à The Ocean Race (tour du monde avec escales, en équipage). Je voulais participer au Vendée Globe car c’est une aventure humaine et une expérience forte que je ne pouvais pas manquer. 

Pierre Casiraghi avait écrit dans mon bateau un mot qui me disait de regarder ce qui me faisait plaisir au jour le jour. J'ai énormément parlé avec des gens avec qui je n’avais pas parlé depuis très longtemps. J’ai eu des échanges humains très forts. Donc si j’ai un conseil à donner, c’est vraiment de profiter des temps plus calmes de la vie pour avoir ces échanges humains, même s’ils sont à distance.