New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
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01 Février 2021 - 14h00 • 31617 vues

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11e de ce Vendée Globe, le skipper de L'Occitane en Provence revient, dans ses premiers mots et dans sa conférence de presse, sur sa course et sur le bonheur qu'il a pris à naviguer sur ce plan Manuard. 

Les premiers mots d'Armel Tripon lors de la remontée du chenal :

"C'est une belle récompense pour les partenaires, toute l'équipe et moi. 

Je crois qu’on a tous eu des problèmes, on le sait au départ, ça fait partie du jeu. J’ai apprécié tous les jours. C'était juste magique. J'ai pris beaucoup de plaisir sur l’eau. 

La casse de ce J3 a un peu handicapé ma course, mais j’ai réussi à revenir. J'ai dû faire face à un deuxième coup d’arrêt après le cap Horn, où j’ai recassé un hook, donc je n’avais plus de voile de capelage, ça devenait problématique. Un peu dur car je revenais bien sur les autres. L’objectif au départ était de ramener le bateau et c’est fait. 

C’est une belle récompense pour tous les gens qui se sont investis, ça veut dire que le bateau est super. Il est facile à vivre, facile à faire marcher. 

J’étais venu chercher le grand Sud et cette régate soutenue. J’ai découvert ce que c’était d’être seul en mer, ce monde sauvage. Le Vendée Globe reste très théorique quand tu ne l’as pas fait. 

C’est un mélange d’une course acharnée et une aventure de dingue, une aventure intérieure, tu n’en sors pas indemne, je pense que ça m’a fait grandir. Et puis, c'est aussi une aventure maritime car naviguer dans ces coins-là n’est pas anodin. 

Je m’étais bien préparé à vivre des moments très forts et les aborder de manière sereine. Cela m’a sauvé. Cela aurait été plus dans la douleur sinon. Chaque jour est une fête sur cette course. "

Sa conférence de presse : 

" Je suis très content d’être arrivé et d’avoir eu cette arrivée avec autant de monde, c’est une belle surprise.

Lorsque je suis arrivé dans le golfe de Gascogne, il y avait des grains à 50 nœuds, la mer était blanche, c’était très brutal. C’est un vrai cadeau de pouvoir vivre et voir ça. Il y avait des lumières de dingue. Dès qu’il y a eu un petit trou de souris avec un peu moins de vent et de mer, je me suis engagé. C’était le plus gros coup de vent que j’ai pris sur tout le tour. Il faut faire le tour du monde pour se rendre compte qu’il y a de gros coups de chien, ici. C’était une fin de course particulière avec cette attente.

Je pense être le seul à avoir fait le tour du monde en string. A partir du moment où j’ai eu ce problème de hook sur le J3, le tourmentin a été à poste en permanence car je n’avais plus d’enrouleur. J’ai navigué souvent avec le tourmentin, quand il y avait 25-30 nœuds, ça marchait bien.

J’ai travaillé pendant deux ans avec mon préparateur mental sur l’idée que, finalement, ce tour du monde n'allait être que des imprévus et qu’il allait falloir y faire face. Heureusement que j’ai travaillé cet aspect-là car j’ai eu un problème dès le deuxième jour de course. Il y a eu peu de moments durs, c’était beaucoup de plaisir, d’une grosse intensité.

J’ai la chance d’avoir pu être en course, de faire mon métier. Chaque jour je remerciais mon partenaire de me permettre de vivre ce rêve. Je ne voulais pas le gâcher. J’avais un bateau exceptionnel qui était très bien préparé. J’ai appris à le connaître pour pouvoir le pousser de plus en plus. Ça a été une énorme course-poursuite pour réussir à revenir sur des bateaux au fur et à mesure. C’était motivant. J’ai beaucoup aimé jouer avec les systèmes météo et trouver des trajectoires.

La temporalité de cette course est assez incroyable. C’est unique, sur sa durée, sur les mers et les paysages rencontrés, mais surtout sur l’engagement qu’on y met. Parfois, on se retrouve pendant un moment à devoir réparer quelque chose et mettre la course de côté. Sur une transat, ça n’existe pas. Ces moments de parenthèses sont hallucinants. On a aussi le temps d’apprécier les choses, l’univers qui nous entoure, cette nature sauvage et brute. Ça fait l’effet d’une grande intensité.

Cette course ne laisse pas indemne. Se bagarrer pendant plus de 80 jours avec autant d’envie, d’abnégation et d’engagement, fait que j’en sors différent et ça va m’aider pour la suite. Ce sentiment de liberté quand on est en mer est incroyable. Je ne l’ai jamais ressenti aussi fort. Je trouvais que chaque moment était intense à vivre. Il y a cette communion avec la nature qui est très forte, on est réduit à l’essentiel, à avoir une vie au jour le jour.

Un Vendée Globe est une course de portant et de reaching à 80%. Ce bateau est vraiment fait pour cette course, il est moins fait pour faire une transat au près. C’est un bateau qui est très agréable à vivre, je me suis bien entendu avec lui. On était assez copain et il me l’a bien rendu car il m’a permis d’arriver au bout.

Je suis fier d’avoir terminé, d’avoir rempli ma mission. Je pense que c’était une vrai gageure d’être au départ en si peu de temps. Voir le niveau d’engagement sur cette course qui est dingue. C’est beau de voir que chacun a ses problèmes et va au bout. C’est une belle philosophie. Chacun se démène pour aller au bout.

C’est sûr que j’ai une bonne vision de ce qu’il faut avoir et ce qu’il faut faire pour être prêt à 100%. On a manqué d’un peu de temps pour ce départ, mais monter un projet compétitif pour dans quatre ans est quelque chose qui me plairait. " 

 

Armel Tripon / L'Occitane en Provence