New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
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07 Février 2021 - 00h23 • 16514 vues

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Le skipper de Pure-Best Western Hotels & Resorts, 14e de ce Vendée Globe est revenu sur son aventure. Avec humour et lucidité, il évoque ses moments de doute, le soutien de ses partenaires et son rêve d'y participer à nouveau à bord d'un foiler. Voici les moments forts de sa conférence de presse.  

"Je suis très content d’arriver, forcément ça fait tellement longtemps, cette course est incroyable ! On se bat comme des chiens pour boucler ce tour du monde. On a réussi à le faire, c’est fou ! 

Ce qui a changé par rapport à l'édition précédente

J’avais acheté beaucoup plus de data car les prix ont énormément baissé. Il y a 4 ans, je prenais juste mes fichiers météo sur internet et je passais quelques communications avec l’organisation et les sponsors. Je me souviens que j’étais juste allé voir sur le net une photo du bateau de Thomas (Ruyant) cassé, mais c'était la seule chose. Sur cette édition, on a parlé sur Whatsapp avec les copains, et puis je suis allé sur le net regarder un peu les news. On était un peu moins isolé. Mais bon, j’ai quand même passé 3 mois tout seul ! On parle finalement plus avec les skippers en mer qu’avec les gens à terre, car avec la terre; il y a un gros décalage. Avec Jérémie, on n'a pas mal parlé ces derniers jours, car on vivait la même chose. 

J’ai envoyé plus de vidéos, c'était beaucoup plus simple, je le faisais directement avec mon Smartphone. Je faisais un petit montage directement sur le téléphone et j’envoyais ça en wifi à l’orga'. Il y a 4 ans, j’avais un caméscope, je devais enlever la clé, compresser les fichiers, et l’envoi prenait trois heures !  

Ascension au mât

On est pas mal de skippers à faire le Trophée Mer - Montagne. On se sert d’une Olivette pour monter le long d’un pylône. Je l’ai utilisée pour monter au mât car ma grand-voile était bloquée. Mais il y avait 2 mètres de creux, ce n'était plus du tout la même chose : c'était l’horreur. J’étais au bout de ma vie en redescendant. J’ai essayé de tout transmettre : parfois on rigole, mais pas toujours. J’ai dû remonter une deuxième fois et puis j’ai finalement terminé avec un ris dans ma grand-voile. Il y a 4 ans, j’avais réparé mon safran près de l'Afrique du Sud. 

Une flotte groupée

Personne ne pensait que les concurrents seraient si proches à l’arrivée. D’habitude, ça part toujours par devant. Et là, pour les premiers, c'était toujours revenu par derrière. Pour Yannick (Bestaven) ça a dû être infernal. Ça a créé ce groupe qui est toujours resté au contact. Malheureusement, j’ai décroché, cette histoire de grand-voile ne m’a pas aidé. Ça avait l’air très intense, ça devait être super pour eux à vivre parce que c'était une vraie régate, mais ça devait être vraiment épuisant parce que c’est long un Vendée Globe. Et la fin, c’était vraiment engagé. 

Je me disais que ça a un peu désacralisé l’arrivée du premier qui d'habitude arrive vraiment loin devant, c’est le taulier quoi ! Ca ressemblait plus à une régate qu’à une aventure incroyable autour du monde. 

Les sponsors

J’ai déjà discuté avec mes sponsors pour la suite. Mes partenaires sont des PME, c’est parce qu’ils sont nombreux qu’ils réussissent à faire le Vendée Globe. Chaque entreprise ne pourrait pas le faire seule. Tout le monde est important, je les remercie évidemment. Pour la suite, j'aimerais bien avoir un bateau à foils, je ne demande pas un bateau neuf. Les bateaux à foils me font rêver, c’est fabuleux ! Si d’autres sponsors veulent rejoindre le team, ce sera avec plaisir. Le plus difficile sur un Vendée Globe, c’est d’être au départ, j’ai plein de copains navigateurs qui rêvent de disputer cette course, mais c’est dur à mettre en place. Je mesure la chance que j’ai. Dans les moments difficiles, je pense à tous les gens qui sont derrière moi.

À propos de l’évolution de la réglementation technique 

Je suis un des grands partisans de la limitation des coûts. Je n’ai jamais fait partie des grandes équipes. Avec des foils trop grands, on s’est aperçu que c’était compliqué dans le grand Sud. Je pense qu’il faut établir quelques règles avec la classe IMOCA pour limiter la taille des foils. L’essentiel, c’est que ça reste abordable. On ne peut pas monter sur un bateau la peur au ventre. Actuellement, nous sommes encore dans une période d’essai. On ne peut pas utiliser un foiler partout comme dans la baie de Port-La-Forêt. Il est important qu’il y ait toujours plusieurs façons pour un sponsor de s’engager et que ceux qui ont moins de budget puissent continuer à acheter des bateaux plus anciens. 

Raconter un Vendée Globe avec humour

J’ai essayé de mettre de la bonne humeur dans mes récits. Raconter ce que je vivais avec humour, ça permet de couper un peu du stress qu’on ressent dans les situations difficiles. Je voulais raconter ce que vivait un marin en mer, quelqu’un d’ordinaire qui fait quelque chose d’extraordinaire. J’ai raconté les bons comme les mauvais moments. Le pire, c’était au large de l’Afrique du Sud quand trois bateaux ont tapé des Ofni. J’étais au fond de mon bateau à 18 noeuds, dans le noir. Là, je savais que, si je tapais un truc, je m’explosais la tête contre la paroi. Et ces moments-là, je les ai filmés aussi. 

Une histoire d’abnégation 

J’ai une qualité parmi mes nombreux défauts : quand je veux quelque chose, je ne lâche pas. Quand j’ai décidé de faire de la voile, je n’étais pas destiné à le faire. J’ai eu la chance de tomber sur les bonnes personnes, comme le banquier que j’étais allé voir à 17 ans alors que je souhaitais faire la Mini-Transat. J’aurais pu être interdit bancaire… Et c’est un peu grâce à lui si je me suis lancé dans la voile. 

Mon idée, c’est aussi de montrer à tout le monde et aux enfants qui suivent le Vendée Globe que lorsqu’on a envie de faire quelque chose, il faut le faire à fond. On peut faire tout ce qu’on veut si on s’en donne les moyens. C’est un peu ma leçon de vie en tant que coureur au large."