New York Vendée - Les Sables d'Olonne New York Vendée - Les Sables d'Olonne
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16 February 2021 - 15h46 • 11851 vues

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Avec l’arrivée de Clément Giraud ce mardi matin à 10h28 précisément, sous la barre des 100 jours, ce sont donc 21 skippers qui vivent désormais sur la terre ferme. Des femmes et des hommes usés physiquement et mentalement qui doivent désormais se requinquer, dormir (enfin !), reprendre une vie « normale ». Perte de poids, psychique déboussolé, mais envie immédiate d’y retourner, Jean-Yves Chauve, médecin du Vendée Globe depuis la première édition en 1989, fait le point sur l’état des marins.

« Depuis que je suis rentré, je me réveille en sursaut en me disant que je n’ai pas entendu la sonnerie des capteurs », confiait Benjamin Dutreux quelques jours après son arrivée. Les nuits et les jours des skippers de retour de leur tour du monde ressemblent à des courbes sinusoïdales, des vagues incessantes qui marquent leur état de fatigue. « Durant plusieurs semaines, ils vont devoir gérer les coups de pompe réguliers. Et cela peut durer longtemps, au moins six mois. Le corps a été mis à rude épreuve. Mais c’est l’usure mentale, due au stress, qui est plus importante que le physique », souligne Jean-Yves Chauve. On a vu sur le ponton du Vendée Globe des visages marqués et des jambes flageolantes, parfois même des corps amaigris. « Certains ont perdu jusqu’à 7 kilos. Il faut maintenant rééquilibrer le corps, entre les membres inférieurs, qui n’ont pas beaucoup travaillé, et les membres supérieurs. Je constate beaucoup de traumatismes, beaucoup de bobos, des fractures de côtes, notamment suite aux chocs violents au niveau du dos », ajoute le médecin du Vendée Globe. Pas plus tard qu’hier, Alexia Barrier dans l’ouest de l’archipel du Cap-Vert, nous envoyait une vidéo expliquant qu’elle était tombée violemment. « Alexia s’est probablement abîmé une apophyse transverse (point d’attache des muscles le long de la colonne vertébrale, ndlr). Il n’y a pas de traitement, mais c’est très douloureux. » commente le célèbre Doc qui a joint la navigatrice.

© Jean-Marie Liot / Alea / VG2020

Une vie hors norme dans les conditions extrêmes fragilise les défenses

Et puis, plus que jamais cette année, les marins doivent faire face aux virus. Les défenses du corps se sont affaiblies car les organismes ont vécu en vase clos, quasiment en zone stérile. « Ils vont être fragiles face à la Covid-19 mais également à d’autres virus. On voit beaucoup de problèmes respiratoires car l’organisme doit relancer son système de défense. Les skippers de retour d’un Vendée Globe sont plus exposés », poursuit Jean-Yves Chauve qui constate également des pertes auditives. « Les chocs contre la coque en carbone entraînent l’amplification du bruit par le phénomène de résonnance. La fatigue mentale est très importante, il n’est pas rare d’avoir des problèmes d’acouphènes. »

Le retour sur terre rime avec repos des guerriers. Un repos nécessaire pour se relancer dans une autre course, car tous avouent avoir envie d’y retourner. « Il y a comme une addiction au grand Sud, probablement parce qu’ils y découvrent des choses au fond d’eux, que la vie de tous les jours ne permet pas. C’est fou, cette amnésie des moments durs ! »  

Derniers milles sous tension

Clément Giraud a bouclé son premier Vendée Globe de façon magistrale malgré des conditions dures en approche du cap Finisterre. Miranda Merron vit la même chose : du trafic maritime et une dépression qui arrive de l’ouest. « Je ne dois pas traîner par ici, je suis super concentrée, je n’ai pas le temps de penser à l’arrivée », confiait la navigatrice sur Campagne de France, que l’on devrait retrouver avec bonheur demain en toute fin de journée, voire en début de soirée. Manu Cousin sur Groupe SÉTIN est attendu vendredi. Ses avaries de quille et de safran rendent la fin de course stressante. Derrière Isabelle Joschke et Sam Davies, hors-course, toujours encalminées sur la route vers les Açores, Alexia Barrier et Ari Huusela naviguent dans les alizés de nord-est au grand large du Cap-Vert.