Les mille couleurs du bouquet final

Semaine 13 du 31 janvier au 07 février

Semaine 13 du 31 janvier au 07 février

Maxime Sorel a fait top 10 il y a deux jours en se glissant avant qu’une tempête garde-barrière ne s’abatte sur le golfe de Gascogne qui ramena Armel Tripon à la prudence. Le skipper nantais arrivera le 1er février, avant l’aube, pour porter aux Sables d’Olonne le soleil de l’Occitane en Provence à la 11e place du classement après qu’une succession de fâcheux incidents en début de course (casse de J3, hook défectueux l’empêchant de poser une voile de capelage…) l’aient contraint à attendre une occasion de recoller aux leaders qui se sera finalement jamais présentée, bien qu’il ait été le plus rapide de la flotte dans le tronçon équateur-équateur (en passant par les trois caps).

© Vincent Curutchet / Alea / VG2020
© Yvan Zedda / Alea / VG 2020

Les chiffres
de la semaine !

  • 25 le nombre de solitaires classés, sur 33 au départ. Well done !
  • 2 Sam Davies (Initiatives-Cœur) et Isabelle Joschke (MACSF) terminent hors-course
  • 6 Sam Davies et Isabelle Joschke incluses, les 6 femmes inscrites ont bouclé le tour du monde

Le lendemain, Clarisse Crémer (Banque Populaire) atteint à son tour les Sables-d’Olonne, auréolée d’un titre claironné par tous – celui de femme la plus rapide autour du monde – qu’elle se sera échinée à désamorcer, tant le précédent était vieux : il datait en effet du Vendée Globe 2000-2001 de dame Ellen MacArthur. Le relativisme de Clarisse aura eu un effet sous-jacent essentiel et nécessaire : la voile est un sport mixte et il n’est pas de raison qui pousse à dissocier ainsi la performance des femmes de celles des hommes. 12e, donc, de ce Vendée Globe à bord du bateau vainqueur en 2008-2009, « Clacla » a très bien fait le job malgré sa préparation express sur un tel bateau, et malgré ses premiers pas un peu frileux – logique – dans les premiers jours de course.

Le 6 février, c’est un lauréat du « Concours général des emmerdes » qui franchit la ligne d’arrivée à son tour, après un tour du monde plus que méritoire. Jérémie Beyou était venu pour la gagne, il avait pour cela le talent, le bateau, l’envie, l’équipe et la volonté… mais pas la chance. Victime du bris d’un safran sur un OFNI le 11 novembre, trois jours après le départ, le Breton n’est reparti des Sables d’Olonne que le 17 novembre, avec donc 9 jours de retard au compteur. Ses ambitions de victoire étant passées par les larmes, le skipper de Charal aura eu l’énorme courage de repartir pour écrire une autre histoire, celle d’un compétiteur qui découvre la régate de ceux qui naviguent derrière, et dont il aura admiré l’engagement pendant 80 jours sur l’eau. Entre son second départ des Sables d’Olonne et son arrivée se seront écoulés 80 jours et 15 heures de navigation, soit le temps mis par Thomas Ruyant pour décrocher la 4e place au classement scratch (avant compensations). Chapeau pour votre courage, monsieur Beyou.

Jérémie Beyou (Charal) : « J’ai découvert très au fond de moi une personnalité qui n’existait pas ou que je refoulais. J'étais là pour la compétition, à en oublier des fois la notion humaine. J’ai découvert que c’était finalement possible de tout faire en même temps ».

Les suivants n’ont pas démérité, parce que les ennuis ont survolé en escadrille la flotte du Vendée Globe. 14e, Romain Attanasio (Pure – Best Western) n’a pas été seulement un maître de la parole spontanée et pertinente. Il rentre aux Sables d’Olonne après une traumatisante montée au mât, avec des côtes qui grincent et boîte à bricolage bien vidée. 15e, Arnaud Boissières (La Mie Câline – Artisans Artipôle) aura connu son lot de problèmes et, comme ceux qui l’ont suivi de près, il a souffert dans eaux contrariantes des mers du sud, vraiment pas propices à l’accélération. En auront souffert Kojiro Shiraishi (DMG Mori Global One), largement pénalisé par la déchirure précoce de sa grand-voile et un long arrêt de plusieurs jours pour tout réparer ; Alan Roura (La Fabrique), transformé en funambule aquatique par ses problèmes de quille, devenue fixe par défaut (17e) ; et Stéphane le Diraison (Time for Oceans), aussi dépité qu’un automobiliste qui, sur un voyage entre Lille et Marseille, n’aurait eu que des feux rouges sur sa route. Trois heures après le Francilien, c’est Pip Hare qui s’est présentée sur la ligne d’arrivée. Auteure d’une impressionnante performance, la Britannique aura séduit autant qu’épaté par son naturel, la justesse de ses mots, la sincérité de ses émotions et ses trajectoires si justes qu’elles lui ont permis de cacher l’âge de son Medallia, l’ex-Superbigou de Bernard Stamm, sorti de chantier en 1999.

Pip Hare (Medallia), le 12 février : « Je suis heureuse d'être ici. J'ai fait des erreurs, mais j'ai appris d'elles. Je n'aurais jamais pensé que je jouerais avec des bateaux à foils, c'est incroyable ! »

Présent sur le Vendée Globe pour la 2e fois, Didac Costa (One Planet One Ocean) termine à une fort honorable 20e place, devant Clément Giraud (Compagnie du Lit – Jiliti), en apprentissage permanent sur ce Vendée Globe, mais avec le sourire du premier au dernier jour, s’il vous plaît. Le Toulonnais d’adoption sera le dernier à boucler la boucle en moins de 100 jours (99J 20h 8 min).

Didac Costa (One Planet One Ocean) : « C’est la chose la plus extraordinaire que j’ai pu faire. Je suis encore très ému. Chaque jour est une bataille, mais aussi quelque chose de très beau ».

Moins de deux jours plus tard, Miranda Merron (Campagne de France) bouclera en 101 jours un Vendée Globe rendu fort joli par son tempérament esthète et hédoniste et sa maîtrise de la navigation au long cours. Manuel Cousin (Groupe Sétin), 23e à la ligne, la suivra deux jours plus tard, heureux qui comme Ulysse a fait le voyage le plus espéré (avant le prochain ?).

Le 28 février, Alexia Barrier (TSE – 4myPlanet) arrive à son tour, fourbue, mâchée physiquement après s’être blessée au dos à dix jours de l’arrivée. Mais elle aura tenu, en dépit de la douleur, tout comme aura tenu son bateau, le vénérable Pingouin de Catherine Chabaud, bateau le plus ancien de la flotte, terminant son 7e tour du monde. Près d’une semaine plus tard, le premier skipper nordique sera le dernier – et inversement. Ari Huusela (Stark) termine son Vendée Globe, à 58 ans, en 116 jours et 18 heures. En ce 5 mars se clôt le palmarès officiel du Vendée Globe.

Entretemps, les 24 et 26 février, Sam Davies (Initiatives-Cœur) et Isabelle Joschke (MACSF) ont terminé hors-course leur tour du monde. Sam était repartie « pour sauver des enfants » depuis la ville du Cap où elle s’était arrêtée pour réparer après une collision survenue le 5 décembre. Son courage aura sans doute incité Isabelle Joschke à repartir de Salvador de Bahia, où elle avait trouvé refuge après que son bateau eut connu des problèmes insolubles de quille le 9 janvier, tandis qu’elle se battait dans le top 10. Deux belles histoires qui auront encore magnifié cette 9e Vendée Globe.

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